lundi 19 juin 2017

La Bête du Gévaudan

Parmi les mystères du monde, il en est un, en France, pas très loin de mon Auvergne natal, tout à fait fascinant. C'est l'histoire de la Bête du Gévaudan.

Entre 1764 et 1767, le Gévaudan, pays correspondant à peu près à la Lozère actuelle, est le théâtre d'une série d'attaques, perpétuées par une "bête". L'on chassa celle-ci, tuant plusieurs loups de belle taille ; des hommes de Paris vinrent, envoyés par le roi de France ou attirés par le gain promis en récompense. Au final ce fût un paysan du coin, Jean Chastel, qui sembla venir à bout de cette histoire. 

http://www.musee-bete-gevaudan.com


Voilà en quelques lignes très rapides l'histoire de la bête. Histoire fascinante tant de par les aspects fabuleux de cette bête - tantôt loup énorme, hyène, hybride peu commun de deux animaux restant à identifier, avec une crinière rougeâtre, de longues griffes, se tenant debout sur ses pattes arrières - que par son intelligence. En effet, elle s'attaquait surtout aux femmes et aux enfants, aux personnes plutôt faibles en général. Cette intelligence qu'on lui reconnaît a fait naître mille et un fantasme à travers le temps... comme celui où la bête aurait été "dirigée" par un homme... à moins qu'elle ne soit en fait qu'un homme particulièrement pervers ; quand elle n'est pas carrément un loup-garou ! Bien évidemment, l'église y va aussi de son couplet, voyant dans les massacres de la Bête, le signe d'un châtiment divin ou à l'opposé les méfait du malin.

Parmi les versions les plus connus l'on retrouve le film Le Pacte des Loups de Christophe Gans, sorti en 2001. Dans la version de Gans, critiquée pour son manque de rigueur historique, la Bête est un animal africain, non identifiée. Par ailleurs, ce film plutôt sombre a une esthétique tout à fait singulière, emprunte de mystère et de sensualité.

Le livre dont je voulais surtout vous parler avec cet article est Gévaudan de Philippe Mignaval.
Gévaudan / Philippe Mignaval, Éditions Le Pré aux clercs - 2006  
Dans ce roman se passant de nos jours, le narrateur, un scientifique vivant dans la région des meurtres, rencontre, à l'occasion d'une soirée inaugurale du musée de la Bête, une jeune étudiante qui va lui révéler détenir un morceau de peau de l'animal. Tout deux s'élancent alors aussi bien dans une relation physique que dans une expérience de clonage suspecte. Jusqu'au jour où les attaques de la Bête recommencent.

Tout d'abord, c'est un livre qui se lit facilement; plutôt bien construit au niveau suspense, on a du mal à le laisser, on veut connaître la suite. L'aspect sensuel de l'histoire de la bête se retrouve ici dans quelques scènes très explicites mais qui n'apportent pas grand chose à l'histoire (scènes érotiques, pornographiques, zoophiles également...). Ensuite, malgré une idée de départ assez farfelue (clonage de la bête à partir d'un morceau de peau plutôt bien conservée), l'histoire prend vraiment; les aspects scientifiques semblent crédibles (je ne suis pas une scientifique d'où le "semblent" ); les personnages sont campés, empreints de réalisme quoique légèrement caricaturaux (le quarantenaire en crise, la jeune étudiante qui n'a pas froid aux yeux, la jeune femme un peu hippie, tenant une herboristerie... jusqu'au paysan peu loquace mais farouchement fidèle). Enfin le mystère de l'histoire de la Bête prend toute son ampleur, son clonage étant prétexte à une vraie enquête qui répond enfin à la question autour de laquelle tourne toute l'énigme de la Bête du Gévaudan depuis des siècles : mais qu'est-ce qu'est réellement la bête ?

Au final, les éléments que l'on retrouve dans la plupart des œuvres traitant le sujet sont utilisés ici avec assez d'habileté : sensualité entre les personnages qui sont touchés par le mystère de la bête, enquête au sujet de celle-ci qui envisage toute les possibilités (la bête, l'homme qui la dresse, un homme lui-même)... pour arrivée à une conclusion que je ne vous dévoilerais pas ici mais qui n'est en rien inédite.

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