Le mythe d'Orphée est peut-être l'un des plus connus : Orphée, jeune demi-dieu joueur de lyre, tenant son don d'Apollon lui-même est amoureux fou d'Eurydice. A peine sont-ils mariés qu'un accident enlève la vie à la jeune femme. Fou de chagrin, Orphée voyage jusqu'aux Enfers afin de récupérer sa bien-aimée. Là il passe un marché avec Hadès, maître des lieux : Eurydice retournera avec Orphée chez les vivants à la condition que le jeune homme sorte du royaume des ombres sans se retourner. Mais les Dieux, qui décident de nos destinées, jouent autrement et alors qu'Orphée s'apprête à retrouver la lumière du jour, un doute s'empare de lui et il ne peut s'empêcher de vérifier si Eurydice est toujours en train de le suivre. Il la perd fatalement une seconde fois.
Dans ce roman, Robert Silverberg prend la voix d'Orphée et nous raconte toute son histoire à la première personne : sa naissance et, de manière très philosophique ce que signifie être un demi-dieu (Orphée est fils d'une muse), son amour et sa perte d'Eurydice, et puis le reste de sa vie : sa participation à l'aventure de Jason et des Argonautes pour récupérer la toison d'or, sa rencontre avec Ulysse après la Guerre de Troie, le temps qu'il a passé en Egypte, auprès des prêtres de Pharaon... jusqu'à sa mise à mort par les femmes de son peuples, alors qu'il essaie de leur faire comprendre que leur dieu sauvage Dionysos n'est qu'une autre face du dieu pus civilisé qu'est Apollon.
Le discours d'Orphée dans ce roman, outre l'histoire en elle-même qu'il nous conte, est un peu particulier. L'auteur profite de ce statut de demi-dieu pour donner à Orphée une connaissance du monde plutôt philosophique : Orphée a conscience que quel que soit le dieu vénéré, Dionysos, Apollon, Poséidon ou encore Seth, Osiris ou Isis, tous ne sont que les différentes facettes d'un dieu unique, un Zeus tout puissant par qui tout a commencé. De même, pour Orphée, tout semble recommencer à l'infini ou disons plutôt qu'il semble connaître son avenir aussi bien que son passé et que le futur de l'humanité (il fait un moment référence à des philosophes bien plus proches de nous dans le temps). Présent futur et passé se confondent. Je ne me suis personnellement pas arrêté à ces aspects philosophiques que j'ai du mal à comprendre et dont je n'ai pas compris l'intérêt dans ce roman.
Rien de très fantasy ou fantastique non plus ici, si ce n'est le merveilleux intrinsèque à la mythologie. Dans un sens ce roman m'a fait penser à Lavinia d'Ursula Le Guin, où l'auteur raconte l'histoire de ce personnage mythologique à la première personne et d'une manière plutôt réaliste, mis à part quelques fantômes et autres créatures mythologiques. Alors que dans l'interview qui clôture l'ouvrage, l'auteur dit s'attacher à l'humain, ici la figure des dieux et de leur pouvoir de décision sans limite transparaît et semble excusez beaucoup de comportements/décisions humaines sans rien apporter de plus à un roman qui pour moi reste une simple version parmi d'autre du mythe.
Le Dernier chant d'Orphée / Robert Silverberg, ActuSF - 2012 ; 146 p. (+ 30 p. d'interview de l'auteur) - 12€ |
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