dimanche 5 mai 2013

Le Rêve du Prunellier - Rozenn Illiano

A peu près à la même l’époque je découvrais la gamme de jeu Timeline et la couverture de Narcogénèse d’Anne Fakhouri. Je plongeais alors dans le monde artistique de Coliandre (Xavier Collette) et de sa compagne Rozenn Illiano. Je commençais mes lectures avec le Chat qui avait peur des ombres et l’adaptation d’Alice au Pays des merveilles en bande-dessinée (avec David Chauvel au scénario), le Gondolier des ténèbres (Gudule) et le Petit bois du dimanche soir (sans oublier le artbook de Rozenn, Onirography, du nom de son blog), me laissant happer par les illustrations douces et rondes et dont les couleurs rendent si bien les ambiances imaginaires.

J’ai donc “adopté” Rozenn Illiano, via le site "adopte un auteur". Principe très simple : demandez l’adoption d’un auteur, recevez son livre, lisez et critiquez.

Le Rêve du Prunellier est un recueil de 8 nouvelles de fantasy.

Un goût de pluie et de rouille
Cette nouvelle, plutôt ancrée dans notre réalité, nous permet de glisser lentement vers un ailleurs : on y suit une jeune femme sur qui la ville et la grisaille pèsent. Elle semble courir après quelque chose, ou plutôt quelqu’un, comme un amour perdu. Mais dans sa fuite, qui paraît éternelle, sans fin, l’étrange et l’ailleurs rôdent.

J’ai aimé cette nouvelle pour son atmosphère de gare, moi qui adore voyager en train.

Dies Irae
Inspirée par le conte d’Andersen La Reine des neiges, Dies Irae nous montre un autre visage des fées : celle de beautés innocentes, et dont la seule faute est d’être aimées des humains. En effet, dans cette nouvelle, les deux enfants qui s’enfuient de chez la Reine des neiges ont grandit et vivent en ville. Mais le jeune homme est hanté par le souvenir de la Reine des neiges et de son palais de glace...

La forêt d’Adria
Un vieil explorateur découvre enfin la forêt mythique qu’il a recherché toute sa vie. Il y entre et passe dans un monde peuplé d’êtres à la fois enchanteurs et dangereux. On découvre ici une partie de l’univers tissé par l’auteur, on y aperçoit la genèse des Onirographes.

D’hiver et d’ombres
Une jeune fille disparait. En lisant son journal on apprend qu’elle fait des rêves étranges où une fée du froid lui demande son aide. On rencontre ici Layelis, qui est à la genèse de ce recueil. (Voir : http://www.onirography.com/la-genese-du-prunellier/)

Poe
Un vieil enseignant, spécialiste d’Edgar Allan Poe, rend hommage pendant des années à son idole, se rendant à date anniversaire sur sa tombe avec 3 roses rouges et une bouteille de cognac. Mais sa fin est proche et il va alors croiser une créature à la fois admirable et étrange, une ombre qui lui offre son dernier verre et son dernier voyage, une ombre comme tout droit sortie de l’œuvre d’Edgar Allan Poe.

Funambule
Une funambule, perchée sur son fil, regarde du haut de ses buildings, avec mépris et une moquerie violente les pauvres âmes des mortels qui se débattent en vain avant la chute.

Blackthorn
Stygian est une Ombre. Il est celui qui guide toute les Ombres à travers les mondes... ces Ombres qui détruisent les mondes lorsque leur fin est venue. Mais cette fois, c’est la fin de Stygian et de son monde, de celui des ombres. On retrouve dans cette nouvelle toutes les Ombres, fées-corbeaux dont chacune est bien différentes, et on y trouve également le Prunelier, qui est la mère-déesse, mère - nature et dont chaque rêve est un univers. Seule bémol à cette nouvelle : les ombres que l’on y voit, que l’on connait déjà, portent des noms anglais (leur nom dans la nouvelle où on les rencontre, sont en français.)

Layla des Tours
Layla est enfermée dans une haute tour de verre. Elle essaie d’échapper aux Mots, à sa folie, aux autres…



Le Rêve du Prunellier / Rozenn Illiano, Editions Unseelie - 2013, 150 p. - 15€ (version papier ; 5,99 version numérique)
A la fin de ma lecture, je suis on ne peut plus reposée, tranquille : je retrouve enfin une fantasy française de qualité, croisée il y a une dizaine d’année avec Léa Silhol et les éditions Oxymore.


C’est une fantasy réellement poétique. On s’y glisse doucement, comme on entre dans la volupté d’un bain lacté. Les nouvelles sont différentes mais liées intimement par le même univers. Là où Léa Silhol nous faisait épier par un trou de serrure des fées parfois sombres et menaçantes, mais dans un univers où le soleil et sa lumière chaude nous attirait, Rozenn Illiano nous emmène dans l’intimité des fées du froid : la douceur des flocons de neige et le mordant du givre, le mystère des Ombres, ces fées-corbeaux qui sont un peu sa marque, ce qui la distingue des autres univers de fantasy.
Sur son blog, elle explique pourquoi elle a choisi l’autoédition. A la fin de son article, elle se défend de toutes critiques qui pourraient lui être faites : elle n’a pas présenté ses textes à des éditeurs pour des raisons bien particulières et notamment pour les droits, elle ne cherche pas à faire de la littérature mais à partager son univers…. peut-être n’est-il pas besoin mais je voudrais simplement la rassurer ici : ma comparaison avec Léa Silhol n’est pas vaine, il y a réellement une belle écriture et un univers spécifique – et unique ! – dans ce recueil. Pour ma part j’ai envie d’en apprendre plus sur la forêt, les Onirographes et les Ombres…. Je ne sais pas ce qui conviendrait le mieux, un roman ou un livre illustré (Rozenn : je pense que les lecteurs de fantasy adorent les beaux livres illustrés, ceux qui ne se vendent pas… moi la première !)


Le mot de la fin donc : à quand la suite ?

1 commentaire:

  1. Merci beaucoup pour cette chronique qui me fait énooooooormément plaisir !

    Je ne dirais qu'une seule chose : une suite ?... bientôt... :)

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